Depuis maintenant plusieurs années je ne pense qu’à ça. A ce pays ou plutôt cet État insulaire de l’océan indien considéré comme une des cinq plus grandes îles au monde, à ses fameux poissons tropicaux, à ses décors de rêves aux eaux turquoise ainsi qu’à ses petites îles qui les entourent. Et à cet instant je suis dans l’avion pour enfin le découvrir. C’est parti pour Madagascar.
Après une dizaine d’heures d’avion et une escale à la Réunion, je pose enfin les pieds sur la terre malgache avec une arrivée animée par les obligations gouvernementales liée à la pandémie de la covid 19. Suite à un confinement imposé et des péripéties durant plusieurs jours, j’arrive enfin à destination finale au camp GT ONE FISHING situé au nord-ouest de Madagascar, dans la province de Ampasindava proche de Diego suarez géré par Michel Cugnon.
Une mise en condition avec un trajet en 4×4 pour arriver au camp.
Le camp de pêche est exceptionnel. Au bord de l’océan indien dans la baie du courrier, la vue est incroyable. Les chambres proposées ont tout le confort nécessaire. Un espace commun est dédié à tous les pêcheurs afin de boire un verre après une bonne journée de pêche. Le service pour les repas est irréprochable et l’équipe de marins/skippers est au top. Ils feront tout le nécessaire pour vous sur les bateaux parfois dans des conditions très compliquées. Comme exemple, ils vous font un nœud de raccord tresse/bdl dans un océan agité n’importe ou dans le bateau en un rien de temps alors qu’on y passe dix minutes le soir au calme dans un salon… Ce qui me marquera le plus et qui, à mon avis, est très important, c’est l’état d’esprit familial au sein de toutes les équipes.
Un panorama unique sur la baie du courrier.
L’objectif de ce voyage est de faire un maximum de variétés de poissons certes mais il faut reconnaître qu’à cette période en particulier, de fin novembre jusqu’à fin décembre, c’est la période des fameuses grosses GT’s “carangue ignobilis”. Je ne vais donc pas faire semblant en vous disant qu’évidemment le rêve de faire une grosse me trotte dans la tête. Ces poissons pouvant passer les 70kgs…
Le matériel :
Dans ce type de voyage, il faut emmener au minimum trois cannes. Une dite pour le “popping” en 100/120 LBS qui pourra animer correctement des poppers de 120 gr a 200 gr. Une canne intermédiaire en 80 LBS, qui vous permettra de popper jusqu’à 150 gr avec aisance mais aussi à utiliser des sticks baits, flappers et autres leurres plus légers et plus simples à animer lors des moments de folie sur chasse. Et pour finir une canne “jigging” en 80/100 LBS indispensable au vue des fosses, parfois jusqu’à plus de 200 m de profondeur qui seront très bénéfiques pour agrandir son panel de prises en termes de variétés de poissons.
J’ai opté pour ces 3 cannes :
– SMITH WRC Tokara 60S
– SMITH WRC Nirai 55 S
– SMITH KOZ Expedition 81 BTM
Mon choix s’est donc porté sur ses trois cannes car il y a là une polyvalence incontournable.
Je vous recommande d’accompagner ses cannes avec des moulinets qui puissent encaisser de très puissants rushs et qui résistent à un frein serré et adapté aux cannes utilisées. Un fort ratio pour les cannes à lancer comme la Tokara et la KOZ mais au contraire à faible ratio en ce qui concerne le jigging. Pour ma part, j’ai utilisé 2 moulinets en taille 14000 sur la Tokara et la KOZ et un 10000 sur la Nirai. En ce qui concerne les tresses, je précise que j’ai monté des tresses en PE 8 soit une résistance de plus de 50 kgs ( 120 lbs ) pour les deux cannes à lancer et une PE 5 ( 80 lbs ) pour le jigging. Pour ce qui est des bas de ligne, un nylon en 200 lbs pour les lancers et du 100 lbs pour la pêche verticale.
Dès le premier jour, en guise d’échauffement, j’ai pu faire travailler la Nirai 55 avec ce très beau Thazard.
Ce dernier n’a pas manqué de me plier le jig de 200 gr en 2 et me l’a quasiment coupé…
Une dentition à rendre jaloux les couteaux les plus affutés…
Je me suis aperçu durant tout le séjour que c’est une canne avec laquelle on prend un plaisir fou tant avec un poisson de quelques kilos qu’avec un autre de plus de 15 kg. Elle minimise le travail du pêcheur et permet de s’économiser, ce qui est important sur de longues journées de pêche. Elle me permettra de prendre plusieurs variétés de poissons comme les mérous, jobfish et autres espèces tout aussi magnifiques à voir.
Lorsque les poissons ne sont pas actifs en surface, il n’y a pas d’autre choix que d’aller les chercher au fond. Ces moments sont aussi reposant lorsqu’on vient de passer déjà plusieurs heures à popper sans activité. Et la canne va avoir toute son importance. Certaines sont parfois trop raides et vous feront mal au dos plus qu’autre chose pendant les combats. A ce jeu là, la Nirai sort du lot et vous facilite vraiment la tâche même lorsque c’est un poisson de belle taille.
A la fin du deuxième jour, j’ai vite compris que j’allais vouloir utiliser sur une grande majorité des journées la Tokara. Et la raison est simple… Assez rapidement le matin, dès les premiers coups de pops et grâce à une très bonne connaissance du milieu de Michel Cugnon, je ferai monter ma première grosse carangue GT !!!
L’utilisation de la Tokara va vous permettre d’animer correctement les poppers. Assez raide afin que ce soit très réactif, vous arriverez à faire de très grandes gerbes d’eau avec n’importe quel popper à condition que les bras suivent !
Lors des combats assez musclés, elle va travailler jusqu’au talon…
Mon bras droit s’en rappelle encore…
La KOZ me sera utile lors de journées dites à “chasse”. Et malheureusement, ce fut que sur une seule demi-journée. La météo et en l’occurrence le fameux VARATRAZ, vend du nord met à mal l’activité en surface. Une après midi a chercher les zones un peu plus calmes direction le Cap San Sebastien plus au sud nous permettra de trouver les carangues voyageuses et ignobilis ainsi que quelques thazards. Enfin je vois l’océan en petite ébullition durant une paire d’heure.
La majorité des poissons sur “chasse” sont de tailles moyennes. Une dizaine de kilos voire moins. En rapport poids puissance, ces poissons sont ULTRA PUISSANTS. En surface avec la KOZ 81 BTM ou au fond lorsque le bouillon se calme avec la Nirai 55, la polyvalence est de mise. Le plaisir est similaire bien que l’attaque en surface reste pour moi l’action la plus belle à voir. Il n’est pas rare de faire un gros poisson lors de ses frénésies.
L’action plus souple de la KOZ permet de travailler plus facilement sur des poissons de taille modeste.
Lorsque les gros poissons recherchés en popping et les chasses ne sont pas là, il faut alors se rabattre sur la pêche verticale dite “jigging”. Une pêche très technique malgré les apparences. Et qui nous permettra de faire plusieurs variétés de Mérou aussi beaux les uns que les autres.
Les prédateurs ne manquent pas dans l’océan indien mais sont parfois très compliqués à trouver. Pensant trop souvent à voir une belle GT monter sur mon popper, c’est parfois d’autres espèces tout aussi énervées qui viendront se faire un malin plaisir de mettre un coup de dent supplémentaire à mon leurre… Les thazards nous font assister parfois à des sauts spectaculaires, allant jusqu’à plusieurs mètres de hauteur une fois hors de l’eau. Je pense encore à Alain, avec qui j’ai péché une journée qui se fait justement attaquer son popper à 3 mètres du bateau par un thazard qui lui passera non loin du visage d’ailleurs. Heureusement plus de peur que de mal et un gros fou rire de toute l’équipe sur le bateau.
Autre espèce à la dentition bien aiguisée, les barracudas ont une gueule très agressive. A l’image de ce beau spécimen qui n’a pas hésité à rajouter quelques marques de crocs à mon leurre.
Encore une fois, la Tokara fait le travail !
En 7 jours de pêche, la Tokara est LA canne que j’ai le plus utilisé. Lors des 4ème et 6ème jours de pêche, je ferais deux grosses GT chacun de ses jours. Le 6 ème jour, un peu de malchance m’empêchera d’en faire une troisième. Lorsqu’elle est venue fracasser mon popper, sa longueur impressionnante n’a pas épargné ma tresse qui a fini dans la caudale dès le premier coup de tête et a cassé.
Cette photo met en avant la façon de traiter le poisson une fois sur le bateau. Lorsqu’on le voit arriver, nous pensons déjà à la belle photo. Mais il faut penser avant tout à la santé de ce dernier. C’est pourquoi, il est mis en place un système avec un tuyau afin d’alimenter le poisson lors de son court moment en dehors de l’eau.
La 4ème journée de pêche fut la plus belle pour l’ensemble des pêcheurs. Des poissons de toutes tailles mais un certain nombre de gros. Et pas des moindres puisque en une journée 4 GT’s de plus 40 kg ont eu la chance de poser pour un petit selfish.
La plus grosse de plus de 50 kg m’a vraiment rendu le plus heureux du monde.
Un combat musclé sur une zone rocheuse entre 20 et 25 mètres de profondeur. La concentration est de rigueur du début à la fin du combat. Il ne faut rien lâcher tant que le poisson n’est pas au bateau entre les mains des marins.
Mes épaules et mon poignets droit s’en souviendront encore plus d’une semaine et demi après mon retour. Le genre de poisson et de combat qui resteront gravés à vie.
Le rêve devient réalité.
Il faut savoir que le nombre de carangues ignobilis de plus de 50 kg est de l’ordre de 5 voire 6 pour les plus belles années sur la zone péché. Cela donne une joie encore plus particulière.
Catch And Release !
Toujours être sur ses appuis pour anticiper l’attaque furtive, explosive et brutale.
Je dois avertir tout pêcheur qui voudrait envisager ce genre de voyage. La recherche des grosses “GT” se fait grâce à une préparation très précise du matériel mais pas seulement. Je veux bien entendu parler de la préparation physique. Ce voyage était mon premier. Il ne faut donc pas arriver en pensant qu’on va forcément faire des gros poissons. Mais à partir du moment où la première grosse GT est sortie, vous êtes comme piqué et vous ne pensez plus qu’à ça.
Je ne souhaite décourager personne, cependant il faut vraiment être dans une bonne forme physique afin d’avoir toutes les chances de faire venir ces fabuleux poissons jusqu’aux bateaux. Ayant subi quelques péripéties durant les premiers jours, j’ai accumulé une certaine fatigue et l’ai bien ressenti pendant les combats. Un jour de repos fait le plus grand bien et permet de reprendre la pêche dans les meilleures conditions pour les derniers jours.
Pour autant, lorsque vous êtes en mode popping pendant des heures en continu et plusieurs jours d’affilée, il y a forcément un moment où votre corps ressent la fatigue. Je vous recommande donc une bonne préparation physique pour ceux qui voudrait, comme je l’ai fait, passer des heures à vouloir popper afin d’augmenter ses chances de prendre peut être le poisson de sa vie.
En espérant que la situation sanitaire s’améliore durant les prochains mois et facilite les futurs voyageurs, je souhaite vraiment à tous les pêcheurs curieux de l’exo d’avoir un jour la chance de faire un voyage comme celui-ci. J’espère également vous avoir un peu aidé sur le matériel à utiliser, donner envie d’aller découvrir ces endroits paradisiaques et y pêcher ces poissons de rêves.
Un article écrit par Matthieu Martinez.