Une ouverture mémorable !
C’est enfin l’ouverture de la première catégorie, nous attendons tous ça avec impatience.
Le matériel est fin prêt, cannes, moulinets, leurres souples et durs, mouches, nymphes …Afin de s’adapter au mieux et au plus vite aux conditions que l’on peut difficilement prévoir longtemps à l’avance.
La météo risque de compliquer la tâche car un épisode cévenol est prévu à partir de samedi et surtout dimanche.
La rivière que nous allons pêcher est souffrante. Les populations de truites sont au plus bas (cela fait 4 années consécutives que la reproduction est balayée par des crues). Il ne reste plus que quelques rares mais gros poissons très éduqués.
Avec mon ami Christophe, on se rejoint à 7h au bord de l’eau et commençons par boire un petit café pour se réchauffer. C’est l’occasion de commencer à faire des raisonnements et établir une stratégie.
Vu le vent du Sud qui souffle, on peut oublier les pêches en sèche ou en nymphe, ce sera 100% leurre.
En m’équipant, je m’aperçois que j’ai oublié mon épuisette, ce n’est pas bien grave, Christophe a la sienne.
J’attaque les hostilités le premier au D-Contact 63 coloris V1. Au deuxième lancer, sur un fond de lisse, je vois un poisson attaquer timidement sans réellement prendre le leurre. Sur le lancer suivant, je reste bien concentré, je laisse descendre mon leurre un peu plus profond, je ralentis ma vitesse de récupération et bim, c’est pendu ! Christophe qui raccordait son bas de ligne vient m’épuiser ce poisson d’environ 40 cm.

Le premier poisson de l’année est dans la filoche
Il est vrai que ça commence plutôt bien mais je ne m’emballe pas pour autant. En effet, nous enchaînons les lancés sans aucune touche ni même suivi.
Environ 1 heure plus tard, je parviens à piquer, toujours avec le même leurre un joli poisson d’environ 45 cm.

Une bonne pince est nécessaire pour décrocher proprement et rapidement les poissons.
Nous arrivons sur un secteur à gros poisson que je connais parfaitement. C’est très encombré, les 2 berges sont abruptes avec beaucoup de caves racinaires. Je propose à mon partenaire de remonter chacun sur une berge afin de bien peigner tous les postes. Ces gros poissons bougent et peuvent être n’importe où. Très rapidement, sur un hot spot, je me fais suivre par 2 très beaux poissons (entre 50 et 60 cm). Au bout de 2 passages, je vois bien que ce n’est pas gagné, elles auraient déjà dû attaquer. Malgré plusieurs changements de leurres et d’animations (souple, D incite, contact 85…) les poissons ont définitivement disparu.
Pendant ce temps, Christophe m’a un peu devancé depuis la berge opposée. Je monte un peu au-dessus de lui et me faufile sous les buissons pour accéder à la berge. Au troisième lancé, je passe devant une branche en suspension, je sens une grosse attaque, je réagis immédiatement par un bon ferrage, c’est pendu et ça à l’air très gros. Ma Dragonbait Trout est vraiment pliée, j’entends le frein chanter car le poisson dévale la rivière. Je cours dans l’eau pour le contrer car il se dirige vers une branche qui m’inquiète un peu. C’est à cet instant, en plein combat que je glisse et tombe à l’eau jusqu’aux oreilles.
Christophe me dira plus tard “ A un moment, on aurait dit une licorne, il y avait la casquette qui dépassait avec les mains au-dessus de la tête et la canne “.
Avec l’adrénaline, je ne sens même pas que je suis dans l’eau glaciale. Je parviens enfin à reposer les 2 pieds sur le fond et à me stabiliser tout en restant concentré sur mon poisson qui essaie toujours de s’encaver partout où il peut. J’essaie de le maintenir dans la veine d’eau principale pour le fatiguer. Le combat est presque gagné, la belle que je n’ai toujours pas vu commence à fatiguer mais je n’ai pas d’épuisette …
Christophe est juste en face de moi sur l’autre berge, il ne peut pas me rejoindre rapidement.
C’est alors que je lui dis “lance moi l’épuisette”. Et là, il se loupe complètement, l’épuisette tombe à l’eau à au moins 5 mètres de moi en plein courant. Mais quelle poisse, c’est pas possible !!!
Je réagis comme un footballeur qui ne court même pas pour récupérer le ballon tellement la passe est mauvaise.
Par chance, elle flotte et dérive dans le courant. Christophe court vers l’aval pour essayer de la récupérer.
Pendant ce temps interminable, je maintiens mon poisson en attente, bien tendu dans le courant.
Je cherche une solution pour l’échouer mais il n’y a aucune possibilité. Les berges sont abruptes avec des racines partout, c’est trop risqué, je décide d’attendre encore un peu avec l’espoir de voir revenir mon ami avec l’épuisette. Je commence vraiment à sentir le froid, je suis trempé. Tout à coup, je vois Christophe arriver en courant avec l’épuisette tant espérée. Il se faufile sous les buissons pour me rejoindre et me la rentre dans la filoche comme un chef.

La belle est bien piquée et ne risquait pas de se décrocher
Ma première réaction est de lui sauter dans les bras. Le poisson est monstrueux pour cette rivière, nous sommes aux anges.
Un poisson de 62 cm, bien gras, en pleine forme qui repartira à merveille après quelques photos rapides.


Merci dame nature de m’offrir un tel cadeau
Nous retournons à la voiture car je suis gelé et je dois me changer.
Pendant un petit apéro et un bon repas au coin du feu, les commentaires ne manquent pas.
Christophe me fera un compliment en me disant “on aurait dit Brad Pitt dans le film “Et au milieu coule une rivière” mais hélas il rajoutera “ sauf que tu es beaucoup moins beau que lui mais ta truite est bien plus belle”, je crois qu’il a raison malheureusement …
Revigorés et gonflés à bloc, nous décidons de continuer plus en amont. La pluie et le vent se sont renforcés. Christophe sort son épingle du jeu avec un très beau poisson de 46 cm au leurre souple. Pour moi ce sera un beau capot.

Beau poisson pris au leurre souple
Cette journée d’ouverture restera gravée dans nos mémoires.
Mais c’est avec le cœur gros que j’écris cet article, pendant que la rivière est en crue.
L’épisode pluvieux est en train de lessiver les quelques frayères de 2025, ça fait donc la cinquième année consécutive. J’ai bien peur qu’une fois ces gros poissons prélevés par des inconscients, il ne reste plus grand chose. Dame Nature a des pouvoirs insoupçonnés mais dans le cas présent un petit coup de pouce de l’homme serait le bienvenu. La gestion patrimoniale a aussi ses limites…
Par Frédéric Forzini



































Gosen
Bas de Lignes
















































































































































