Cette ouverture 2022 aura été très particulière pour ce qui me concerne. En effet, j’ai pour habitude de pêcher des petites rivières situées au pied du Larzac ce jour-là, sur des parcours que je connais par cœur puisque ce sont ceux qui m’ont vu apprendre à pêcher et que j’ai fréquentés assidûment durant une vingtaine d’années.
Toutefois cette année, il en aura été différemment, bien indépendamment de ma volonté. Une semaine avant le jour J, les prévisions météo commencent à m’inquiéter. De fortes précipitations sont annoncées, et plus les jours passent, plus celles-ci sont prévues importantes et la prévision fiable. Je décide donc en milieu de semaine d’annuler mon déplacement dans le Lodévois un peu déçu quand même !
J’envisage même un week-end sans pêche au vu de la pluie annoncée un peu partout. Le dimanche matin, je vérifie quand même machinalement si les eaux sont bien montées partout. Et là, je suis surpris de voir que sur une portion de rivière située sous un barrage, il reste encore une petite chance de trouver un secteur pêchable. Je décide donc de m’y rendre, et la pêche n’est vraiment pas terrible. Je touche un ou deux poissons sans suite. Il est presque 17 heures, et je commence un peu dépité à songer à rentrer.
C’est à ce moment-là que la journée va radicalement changer. Un rayon de soleil perce la couverture nuageuse. Cette éclaircie qui va durer une vingtaine de minutes me permet de repérer un poisson aux dimensions extraordinaires, posé sur le fond à proximité d’un tronc d’arbre. L’impression d’être au bon endroit, au bon moment, c’est exactement ce que je me dis à ce moment précis. Le courant est lent et régulier sur cette zone, avec environ 1,50 à 2 mètres de fond. Je décide de tenter ce poisson au D-Incite 53.
Je lance mon leurre assez loin de la truite pour ne pas l’effrayer, et ramène mon leurre dans sa zone. Après une animation marquée, la truite prend le leurre sans sourciller à une vitesse folle. Un ferrage appuyé me permet de la piquer. Le combat s’engage.
Je sais que je tiens un poisson exceptionnel, sans doute le plus gros que je toucherai cette saison. Ma canne, la Dragonbait Trout Large Stream en 4 brins a toute ma confiance et je sais que sa tenue du poisson sera irréprochable. Malheureusement, la tresse passe derrière une branche qui remonte vers la surface, tandis que la truite file plein aval. Je n’ai d’autres choix que d’ouvrir le pick-up afin d’éviter au maximum tout frottement et me jette à l’eau pour contourner cette satanée branche. Je vois au passage que la tresse a souffert… Cependant la truite est toujours au bout !
Mais par chance, le poisson ne s’est pas décroché et remonte maintenant plein amont et se fatigue face au courant. Je me contente de le brider un peu, et quelques minutes plus tard, je parviens à le mettre à l’épuisette. La robe mordorée de ce poisson est sublime. Après quelques photos, la truite regagne son élément. Je me rends alors compte que je suis transi de froid. J’ai rempli mes cuissardes en la suivant dans l’eau. Mais ce n’est pas bien grave. J’ai eu une chance formidable de croiser cette truite que je n’aurais jamais dû prendre eu égard à tous les aléas qui ont émaillé sa prise, sans parler du fait que je n’aurais jamais pensé me trouver à cet endroit ce jour-là. C’est sans doute cette part d’imprévu nous échappant complètement qui fait toute la magie de la pêche finalement.
Un article écrit par Laurent Renard.